Je suis allée voir lundi 24 mai l’exposition « Turner et ses peintres » (c’était d’ailleurs le dernier jour de l’exposition aux Galeries du Grand Palais à Paris - exposition ayant commencé à la Tate Britain et se dirigeant pour une dernière étape au Prado). Et j’ai beaucoup aimé ! Cette exposition était intelligemment organisée et passionnante.
Joseph Mallord William Turner (1775-1851) est un des peintres les plus connus de Grande-Bretagne. Il est souvent présenté comme un précurseur de l’impressionnisme. Peut-être avez-vous eu la chance de voir un certain nombre de ses toiles à la Tate Gallery de Londres ?
Cette exposition nous permet de découvrir l’ensemble de l’œuvre de ce peintre, de ses premiers pas à la construction de son identité d’artiste et de son style, jusqu’à l’explosion de couleurs qui sont aujourd’hui les tableaux les plus connus, et qui annoncent l’impressionnisme et même l’abstraction. Elle établit également un véritable dialogue entre les oeuvres de Turner, et celles à partir desquelles il a travaillé. Car contrairement à ce que j'ai pu entendre de certains visiteurs, non, Turner n'était pas "qu'un copieur" !!! En effet, comme le disait notamment Reynolds en 1781 concernant la peinture hollandaise en particulier : "Les peintres doivent aller à la peinture hollandaise pour apprendre l'art de peindre comme ils vont au lycée apprendre une langue étrangère". A l'époque, les peintres en devenir apprennent leur art en étudiant les grands maîtres.
Ainsi, l'exposition mettait côte à côte le tableau de Turner et son modèle, le tableau de l'hollandais Willem van de Velde Le Jeune
Une tempête qui se lève, Willem van de Velde, 1672
Bateaux hollandais dans la tempête, Turner, 1801
C'est vraiment fascinant de voir comment Turner s'approprie le thème et développe ses propres couleurs, son propre rendu de la lumière.
En parlant de lumière, un des tableaux du début de l'exposition qui m'a particulièrement marqué est celui-ci
Clair de lune, étude à Millbank, Turner, 1797
Pour reprendre le fil de l'exposition, on y découvre l'importance de Claude Gellée (1600-1682), dit Le Lorrain, pour Turner. C'est son principal modèle, un artiste qu'il admire énormément.
Le débarquement de Cléopâtre à Tarse, Claude Lorrain, 1642
Le déclin de l'empire carthaginois, Turner, 1817
Turner aime particulièrement les paysages. Il effectuera plusieurs voyages au cours desquels il ne se départira pas d'un carnet de croquis, dans lequel il dessinera non seulement des esquisses des paysages qui l'inspirent, mais également des aquarelles.
Parmi les peintres qu'admire Turner, Venise est, en Angleterre à cette époque, étroitement associée à Canaletto. Là encore, Turner réinvente une incroyable palette de couleurs et de lumières.
Le bassin de san Marco, Canaletto, années 1730
Le Pont des soupirs, le Palais des Doges et la Douane, Venise: Canaletto peignant, Turner, 1833
Turner pousse de plus en plus loin ses recherches sur la lumière et la couleur, et va jusqu'à en déconcerter plus d'un, face à cette rupture avec la tradition. Ce sont ses tableaux les plus connus... Superbes...
La plage de Calais, à marée basse, Turner, 1830
Tempête de neige, Turner, 1842
En conclusion, une expo vraiment belle, et très intéressante !
Pour aller plus loin
- Les pages de l’exposition sur le site de la RMN : ici
- Carte d’identité de Turner sur le site de la RMN : ici
Je vous reconseille également Turner, l'incendie de la lumière, d'Olivier Meslay (Découvertes Gallimard) que j'ai dévoré après avoir fini cette visite !